Réseaux sociaux, nouveaux faiseurs de rois?

Vous, cher lecteur, ne seriez-vous pas en train de lire mon article après avoir surfé sur votre réseau social préféré ? Non ? Mytho, va ! Depuis sa naissance, vous ne pouvez plus vous empêcher de fouiner dans la vie (ô combien passionnant) de votre entourage, de vos proches ou de parfaits inconnus ne se doutant pas d’être épiés, faute de temps sur les paramètres aussi complexes que les rouages de l’administration.

 

Ne vous est-il pas déjà arrivé de tombé sur des messages et des vidéos de campagnes politiques durant les élections ? Votez « insérer le parti » parce que ceci ? Parce que cette vidéo montre que « insérer message/propagande selon votre interprétation » et donc voilà ? Bienvenue dans le XIXème siècle ! Fini le temps où les gens prenaient le temps de regarder des débats télévisés aussi passionnant qu’un épisode des Feux de l’Amour, d’écouter à la radio des messages sans queue ni tête où même l’invité ne comprend pas toujours ce qu’il dit. Bref, pourquoi se fatiguer alors qu’il suffit simplement d’être présent sur les réseaux sociaux ? N’oubliez pas : tout est outil en politique, y compris votre curiosité.

 

Publicité ou propagande ?

 

Utiliser les réseaux sociaux n’est pas un geste anodin, cela relève de la logique marketing où tout moyen non-interdit considéré comme non-intrusif est bon à prendre si l’investissement en vaut la chandelle.

 

En Belgique, la publicité politique est encadrée … pour les médias traditionnels seulement. Pas de spot télévisé, pas de message radio, pas de place dans la presse papier, la neutralité médiatique doit s’appliquer mais pas sur Internet. Certes, il est normal de retrouver le programme sur le site du parti, de lire des messages favorables ou non sur des forums de discussion ou dans les commentaires. Cependant, les partis ont compris qu’il existe un terrain abondant en clients/utilisateurs/moutons (selon votre considération, bien entendu) bâti dans un brouillard légal : les réseaux sociaux.

 

En soit, ils ne peuvent pas intégrer la catégorie des médias car ils ne produisent pas de l’information, ils servent de support pour le partage entre particuliers et pour la publicité si le média dispose d’une page. Du coup, les partis politiques en profitent pour véhiculer leurs messages maquillés par de jolis ou provocantes vidéos.

 

Nul texte faisant la taille d’un pavé, une vidéo d’une minute avec des images chocs, des montages caricaturaux et des détournements de situations, et votre campagne est faite. Votre vidéo n’est pas assez vue ? Ce n’est pas grave ! Contre rémunération (de la part des militants et/ou des dotations publiques), votre message s’affichera mieux, bien devant le contenu gratuit. Du coup, avec un budget « réseau social » bien conséquent, votre publicité est quasi sure de passer. Vous ne parvenez toujours pas à attraper de nouveaux clients électeurs ? Là, le réseau social ne peut rien faire pour vous mais en revanche, grâce à ses filtres et aux algorithmes, il peut garantir la fidélisation de votre électorat en leur offrant au petit déjeuner votre propagande vos messages politiques. Et voilà ! Avec des électeurs passant leurs journées sur F<censuré, pas de publicité SVP> et nourris aux messages politiques, vos chances de réaliser un large score sont grandement augmentées.

 

A l’extrémité des idées

 

Attention ! Organiser une large campagne publicitaire sur les réseaux sociaux ne signifie pas automatiquement la victoire assurée car d’autres partis emploient le même canal d’informations. A ce jeu-là, ce sont les extrémistes, les populistes et les démagogues qui se démarquent.

 

Rappelez-vous comment fonctionne la propagande : jouez sur les émotions plutôt que sur la raison, assommez rapidement l’électeur avec des propos et des images chocs, martelez-le continuellement pour construire en lui une vérité pas toujours en concordance avec la réalité et surtout incitez en lui la peur de voir la menace se produire si le parti n’accède pas au pouvoir. Tel est le mode opératoire favori (voir le seul) des catégories citées plus haut.

 

Les réseaux sociaux sont le terrain idéal pour cette stratégie : un lieu d’échange d’informations entre personnes ne réfléchissant pas toujours à ce qu’ils lisent ou qui se méfient des infos allant contre leurs idées préconçus, sans filtre ni limite tant que le diffuseur paie pour être visible, avec des algorithmes qui enferment les lecteurs et renforcent ainsi la non-nécessité de réfléchir, et susceptible d’être visibles plusieurs fois dans la journée. Un cocktail mortel qui a fait ses preuves dans le Nord du pays mais aussi dans le monde.

 

Ces propos restent à relativiser. Attribuer tout le crédit du succès électoral à la domination des réseaux sociaux est très réducteur, il faut tenir compte des autres facteurs (culture, histoire, socio-économie, actualité internationale, terrorisme, etc.). Néanmoins, il peut influencer la communication et faire pencher la balance en faveur de celui sachant maitriser l’outil.

 

Vers une évolution des réseaux sociaux

 

Cette réalité doit nous obliger à prendre conscience de ce qu’on devenus les réseaux sociaux. Autrefois plateformes de partages et de rencontres en personnes de mêmes intérêts, leurs rôles s’élargissent, allant jusqu’à empiéter sur des terrains non-prévus dont ils sont indésirables. Conscient de l’influence qu’ils peuvent exercer sur les citoyens, le pouvoir politique doit prendre le courage de limiter celle-ci en appliquant une réglementation claire sur l’usage des réseaux sociaux par le monde politique dont le plus important est l’interdiction de les employer au même titre que les médias traditionnels afin de rétablir une certaine égalité et surtout limiter la prolifération de « fake news » qui alimentent la propagande mensongère des populistes et des démagogues.

 

Si les pouvoirs politiques rechignent à sacrifier un de leurs outils de propagande communication, alors cette tâche sera imbue aux réseaux sociaux eux-mêmes en tenant compte de l’importance prise par leur plateforme et l’usage détournée de celle-ci. Encore une fois, la question du sacrifice est à prendre en compte car interdire cette pratique signifie se priver d’une manne financière. De plus, qui ne vous dit pas que les réseaux sociaux cherchent à influencer les politiques nationales malgré leurs messages appelant à la non-implication au nom de la neutralité ?

 

Enfin, la solution viendra aussi de vous-même, cher lecteur. N’oubliez pas que dans une démocratie, vous pouvez choisir de croire ou non aux infos que vous lisez, de vérifier sur d’autres sources la fiabilité de celles-ci et surtout de choisir pour qui vous voterez. Si vous ne le faites pas, ne soyez pas surpris qu’un jour, votre réseau soc