La paix n'a pas de prix.

Source: nationalgeographic.fr
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Chaque année, un évènement important se déroule durant une semaine où des personnes inconnues au grand public contribuant à forger un monde meilleur voient leurs travaux récompensés : la remise des prix Nobel, en hommage au chimiste Alfred Nobel qui, dans son testament, a demandé que son héritage soit distribué sous forme de prix pour récompenser ceux qui contribueront à la physique, la chimie, la médecine, la littérature et la paix (l'économie est une imposture). C'est ce dernier point qui nous intéresse en raison du prestige qui en découle, de la liste des candidats reprenant des personnalités connues (en bien ou en mal) et surtout du choix qui peut en étonner plus d'un car la justification du comité Nobel peut laisser à désirer. Bref, comment juger une bonne attribution du prix de la paix? A chacun son avis sur le lauréat.

 

Le prix des circonstances

 

L'un des facteurs déterminant l'attribution tient de l'actualité. Pas la peine de mentir : si quelqu'un fait quelque chose de bien maintenant, il peut capter l'attention et voler la vedette de ceux qui ont voué (et même donné) leur vie pour un monde meilleur.

 

Le prix de 2016 est attribué au président colombien Juan Manuel Santos pour son accord de paix avec les FARC, certes historique, devant permettre de mettre fin à 52 ans de conflit malgré son rejet par référendum de la population colombienne qui estime que justice n'a pas été rendue. Si l'accord était conclue en 2017, aurait-il gagné le prix? Difficile à dire, le comité Nobel n'inclut pas madame Soleil.

 

Par contre, certaines remises posent question sur leur lien avec l'actualité. En 2013, le prix fut décerné au Comité pour l'interdiction des armes chimiques, la même année où le gouvernement syrien a annoncé vouloir détruire son arsenal chimique suite aux accusations de bombardement sur des villes tenues par les rebelles. Une attribution qui créa la surprise en raison de la victoire d'un candidat ne faisant pas parti des favoris. Si des armes chimiques n'avaient pas été utilisées en Syrie, qui serait devenu le prix Nobel de la paix 2013? Même réponse que précédemment.

 

Certaines circonstances ne sont pas forcément liées à l'actualité récente, elles peuvent aussi provenir de faits précédents auquel le lauréat est perçu comme le sauveur qui y remédiera. Prenons le président étasunien Barack Obama, prix Nobel en 2009. La raison évoquée est son désir de vouloir favoriser la recherche de solutions par une voie plus diplomatique que celle de son prédécesseur George W. Bush. Encore une fois, si la politique internationale de Bush ne fut pas une catastrophe planétaire, dont les pays européens et du Moyen-Orient en paient encore le prix, Obama aurait-il reçu le prix l'année de son investiture? Les années suivantes semblent lui donner tort.

 

Enfin, il existe des circonstances qui posent question mais cachent le travail accompli dans le passé dont les résultats ne sont pas toujours perceptibles dans la vie courante. Le prix de 2012 a été attribué à l'Union européenne pour récompenser son engagement dans la paix et surtout pour avoir évité que de nouveaux conflits éclatent en Europe en favorisant la coopération et le commerce. Là, nous tenons une raison légitime : la paix entre les peuples européens, les pays ne s'échangent plus des obus (je parlent de ceux balancés depuis un canon, pas ceux destinés à la vente) mais des marchandises (dont des obus). Sauf que la remise eut lieu lorsque les pays membres ont commencé à se disputer au sujet de la crise grecque où la solidarité pourtant si chère à l'UE a connu des remous allant jusqu'à envisager la possibilité de l'exclusion de la Grèce de la zone Euro voire de l'UE. Le message du comité Nobel fut perçu de la manière suivante : s'il vous plait, ne vous entre-déchirez pas, n'oubliez pas ce que vous avez fait depuis la CECA et la CEE, vous n'allez pas sacrifier des décennies de paix et de coopération pour un problème financier. Malheureusement si, les résultats du passé importent peu, le présent et l'avenir comptent réellement pour l'électorat.

 

Pas de paix pour la politique internationale

 

L'attribution du prix Nobel n'est pas un acte anodin, elle peut entraîner des conséquences de la part de gouvernements qui n'apprécient pas que le comité récompensent ceux qui leur causent du tort.

 

En 2010, le prix fut décerné à l'opposant chinois Liu Xiaobo qui prône la transition pacifique vers un gouvernement démocratique en République Populaire de Chine, lui valant ainsi une peine d'emprisonnement comme des milliers d'opposants. Lui attribuer le prix Nobel n'a guère plu au gouvernement communiste qui fit censurer les chaînes d'information lors de la remise du prix et a interdit au lauréat de venir le récupérer. Mettez-vous à la place des dictateurs : aimeriez-vous qu'un lauréat puisse se balader en rue et utiliser son prix pour renforcer son engagement envers une cause qui pourrait remettre en question la légitimité de votre pouvoir? Il est donc préférable de le garder en prison et de convaincre les partenaires économiques de ne pas s'en préoccuper.

 

Cette réflexion s'applique aussi pour de possibles lauréats. Quelle serait la réaction des Etats-Unis si Edward Snowden devenait lauréat malgré la divulgation des pratiques douteuses et intrusives de la NSA? Un lauréat russe serait-il encore en vie pour venir récupérer son prix s'il a dédié sa vie à lutter contre la corruption organisée au Kremlin? N'oublions pas que chaque décision peut aboutir à des répercussions politiques inattendues, et ce quelque soit le domaine évoqué.

 

Le prix de la paix, mort comme la colombe ?

 

Ne réduisons pas ces exemples à la généralité. Il y a des prix qui sont bien décernés car les actes accomplis par les lauréats méritent le respect.

En 2014, il fût attribué à l'Indien Kailash Satyarthi qui lutte contre l'esclavage des enfants mais aussi à la jeune Pakistanaise Malala Yousafzaï dont son engagement à fournir l'accès aux filles lui a valu des représailles de la part des Talibans qui n'ont pas hésité à commettre un attentat pour se débarrasser de cet élément jugé gênant. Le prix de la paix peut aussi s'appeler celui du courage car tenir tête à des terroristes sans être armée, là je dis respect.

 

A cela s'ajoute des personnalités politiques qui ont participé à des missions pour la paix et heureusement, il y en a beaucoup. Prions pour la liste s'allonge.

 

Aujourd'hui, les citoyens se posent des questions sur l'attribution du prix Nobel de la paix. Certains diront que c'est mérité, d'autres y voient des manœuvres politiques ou du profit de la situation. Mais au fond, qu'est ce que ça change qu'on récompense des artisans de la paix? La fin des conflits et des oppresseurs n'est pas pour demain mais la naissance de futurs défenseurs de la paix si.

 

Articles utilisés

 

http://www.lemonde.fr/prix-nobel/article/2016/10/07/juan-manuel-santos-seigneur-de-guerre-et-homme-de-paix_5009934_1772031.html

http://www.lefigaro.fr/international/2016/10/07/01003-20161007ARTFIG00065-comment-sont-choisis-les-laureats-du-prix-nobel-de-la-paix.php

http://la-paix.org/les-nobels-de-la-paix.htm

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