La multinationale vous licenciera demain.

Caterpillar, AXA, Douwe Egberts, ING (et d'autres entreprises mais je ne veux pas allonger la liste déjà négative), tous des noms que les Belges maudiront cette année. Quel est leur point commun pour qu'ils finissent à la friteuse? Ils font des bénéfices? Oui, mais quoi d'autres? Ils emploient beaucoup de monde? Vous y êtes presque. Ils licencient beaucoup de monde. Vous y êtes! 2016 est partie pour devenir une année où les licenciements sont devenus le quotidien. Qui a dit que la relance de l'économie serait profitable à tous, que la crise était "officiellement" finie et tout irait bien dans les trimestres à venir? Pas le travailleur en tout cas, une épée de Damoclès plane sur sa tête et le choc sera aussi explosif que le C4 qu'il recevra à la sortie.

 

Grosses embauches à l'entrée, coups de pied massifs à la sortie

 

Les entreprises citées sont qualifiées de multinationales, c'est à dire qu'elles sont implantées dans plusieurs pays mais le siège social reste dans leur pays d'origine. Et c'est là que ce genre d'entreprise pose problème : éloignées de la réalité du terrain, seul les chiffres et les bénéfices comptent, sans penser aux familles derrière les bons résultats car licencier, c'est facile. Oui, les gouvernements sont impuissants, ils ne peuvent pas empêcher une entreprise de fermer une de ses filiales, seulement l'inciter à rester. Cette situation montre le paradoxe du chômage et du non-emploi : le gouvernement veut diminuer ces chiffres mais ne possède pas d'outil direct pour créer de l'emploi, seulement des incitants comme les avantages fiscaux, les cadeaux et la qualité des employés grâce à leur niveau d'éducation. Mais dans certains pays, le bouchon (de champagne) est poussé plus loin en s'attaquant aux normes sociales sans réintroduire l'esclavage mais s'y rapprocher quand même.

 

Franchement, dire aux citoyens qu'ils doivent travailler plus en gagnant moins pour avoir un pouvoir d'achat  réduit ne permettant pas de consommer, alors que la consommation est un facteur économique important, tout en augmentant les impôts sans toucher aux mesures permettant aux multinationales de bénéficier de réductions fiscales car le gouvernement croit encore au miracle des grosses entreprises qui embauchent, croyez-vous que c'est réaliste? Pas de bol, c'est la réalité.

 

Le licenciement massif pour les nuls

 

Des prétextes pour licencier des centaines voire des milliers d'ouvriers et d'employés? Au moins ceux qui les ont inventés n'ont pas chômé.

 

Le site est trop grand : c'est l'excuse par excellence durant la crise. Il y a trop de personnel donc on vire pour que le reste fasse le boulot à leur place. C'est une manière d'augmenter la productivité sans engager. Et malheureusement, ce plan est devenu la nouvelle mode, favorisé par les décisions politiques de favoriser la flexibilité et les heures supplémentaires non rémunérées.

 

La délocalisation : l'excuse pour vous dire que vous coûtez trop chers et qu'on peut exploiter des pauvres (et des enfants si affinités sans scrupules) pour pas un dixième de votre salaire.

 

La digitalisation : mécanisation.2, comment remplacer un homme par une machine qui à la place de tomber malade tombera en panne. En plus, le client fait le boulot gratos en ligne et vous n'entendrez jamais un ordi faire grève.

 

Trop d'employés : la conjoncture économique ne correspond plus à la productivité donc pour sauver la montgolfière, on balance pour rester en vol.

 

Je vous ai cité les plus entendus mais quel patron osera dire que c'est pour assurer son augmentation de salaire de 120% ou pour verser plus de dividendes aux actionnaires? Celui qui le dira sera certain de ne jamais faire carrière en politique.

 

Qui creuse la fosse? Qui pousse dedans?

 

Au fond, à qui la faute? Sur qui tirer?

 

Le gouvernement? Certes il peut être blâmé pour jouer un double jeu en favorisant l'implantation des grosses entreprises par des avantages et cadeaux fiscaux (voire des montages pour éluder l'impôt!) puis leur dire de ne pas partir car il faut préserver l'emploi dont les directeurs s'en moquent lorsqu'il faut licencier. Mais n'oublions pas qu'il a la lourde tâche de préserver l'emploi sans pouvoir en créer directement car la fonction publique, ça coûte à la société et beaucoup d'entreprises publiques ont disparu depuis la libéralisation européenne. Donc oui, le gouvernement est partiellement responsable mais leur imputer l'ensemble de la responsabilité n'est pas crédible car au final, c'est lui qui peut rectifier le tir pour éviter que ce genre de drame se répète.

 

Le syndicat? Leur but est tout de même de vous protéger mais si le vôtre décide de coopérer avec la direction pour vous enfoncer, ce n'est plus un syndicat. Entendre ce mot peut générer des remous auprès de certains directeurs qui s'imaginent devoir affronter des grèves au moindre désaccord ou encore parcourir un long chemin pour licencier quelques employés. A voir.

 

La direction? Evidemment, c'est elle qui décide mais elle ne le fait pas par plaisir ou par décision intempestive. Il y a une raison, et elle est multiple. Certes leurs annonces passent très mal lorsque l'entreprise réalise de gros bénéfices. Cela dépend de la raison évoquée.

 

Au final, c'est très difficile de désigner le coupable car il y en a plusieurs, le crime commis est grave, le mobile est difficile à avaler si elle est injuste (et elle l'est souvent), les victimes sont multiples et trop nombreuses. Et après? Il n'y a pas de solution miracle : continuer à avancer, se dire que l'ère des grosses boîtes commence à s'effondrer et chercher sa nouvelle voie.

 

 

Et à ceux qui souffrent en ce moment, je leur souhaite du courage car ils le méritent : travailler jusque 67 ans tout en restant minimum 15 ans dans la même entreprise, les miracles reconnus se multiplieront au Vatican.

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