EI contre Equipes Instables.

Le Moyen-Orient est sujet à une actualité marquée par les attentats, la guerre, les bombardements, les pokers menteurs, les fausses promesses et les avancées géopolitiques de chacun. A première vue, la situation semble claire : tout le monde veut se débarrasser de Daech. Mais en regardant de plus près, ce ne sont pas seulement des milliers de terroristes qui préoccupent les décideurs, il y a aussi la question du gouvernement syrien, actuellement dirigé par Bashar al-Assad, le sort des Kurdes qui sont de bons outils mais à surveiller de près, et d'autres problèmes à trouver.

 

Irak et Syrie : deux pays en confettis

 

Depuis l'intervention des Etats-Unis en 2003, l'Irak est un pays déchiré par les communautés chiites et sunnites qui se disputent le pouvoir sans qu'une solution d'union nationale ne puisse se concrétiser. Il n'en fallait pas plus pour qu'apparaisse l'EI qui fut à la base un groupe de résistance contre les forces étasuniennes et britanniques.

 

La guerre civile en Syrie leur a donné l'occasion de passer à la vitesse supérieure : pourquoi défendre un territoire s'il est possible d'en prendre le contrôle et de l'étendre ? Daech est ainsi né dans le but de former un califat (au fonctionnement comparable à celui fondé par les Talibans en Afghanistan) dont seuls les sunnites fidèles seront autorisés à vivre et pour le reste, je n'ose imaginer leur sort.

 

Croyant au départ que Daech serait difficile, il s'avère finalement être un colosse au pied d'argile car leur territoire commence à se rétrécir et à éclater, et ce n'est pas leur colonie en Libye qui leur sauvera la peau car elle aussi est assiégée par les forces nationales libyennes. Il ne faut cependant pas crier victoire trop vite car les terroristes sont bien ancrés.Une fois ce problème résolu, il faudra aussi résoudre ceux implantés en Irak, avec le risque d'une nouvelle guerre communautaire, et en Syrie où les forces fidèles au Président gagnent du terrain face aux rebelles, à tel point que les Kurdes deviennent à leur tour une cible.

 

Situation : d'ami à compliqué

 

Même si tous s'accordent pour anéantir Daech, la clarté s'arrête là. Chacun possède ses propres objectifs et pas question de parler de compromis, c'est quitte ou double.

 

Pour l'Irak, la reprise de son territoire est l'objectif absolu. Pour la Syrie, pareil, si ce n'est qu'il faut aussi inclure les rebelles qui veulent renverser le gouvernement actuel et plus récemment les Kurdes par crainte que la défense territoriale se transforme en revendication fédéraliste, autonomiste voire indépendantiste.

Si on ne devait retenir que ses acteurs, la situation paraîtrait claire : des armées nationales et territoriales qui souhaitent reconquérir le territoire perdu. Légitime en soi. Mais malheureusement, rien n'est simple quand des invités s'y mêlent. Le big bordel s'installe, surtout lorsqu'il n'existe aucun consensus pour former une solution commune en raison de nombreux objectifs personnels.

 

Commençons par un simple : la Russie. Affichant son soutien avec la Syrie depuis le début de la guerre en allant du veto (avec la Chine) contre une intervention "occidentale" au soutien militaire aérien, la Russie veut le maintien du gouvernement syrien actuel en attaquant les terroristes et les rebelles. Donc ici, c'est le cas d'un pays qui soutien son allié. Sauf qu'il faut tenir compte du port de Tartous où mouille une flottille russe et une rivalité avec les Etats-Unis sur les zones d'influence au Moyen-Orient dont certaines cartes sont à redistribuées suite au Printemps arabe.

 

Les Etats-Unis, plus complexe à expliquer. Lorsqu'on leur parle de terrorisme, directement c'est 11 septembre et guerre internationale. Mais le Moyen-Orient est une zone géographique qui les préoccupe beaucoup de par Israël, un allié indéfectible mais imprévisible, plusieurs alliés arabes principalement sunnites et les tensions avec l'Iran depuis la République islamique et l'attaque de l'ambassade étasunienne de Téhéran en 1979. En plus de chasser du terroriste, ils veulent aussi la peau du président syrien en demandant son départ mais pas question de soutenir militairement les rebelles, l'envoi de conseillers suffit tout comme les frappes aériennes qui ne visent que les terroristes. Deux objectifs sont donc à éclaircir : lutter contre le terrorisme avant qu'il ne prenne trop d'ampleur et avancer leurs pions sur l'échiquier géopolitique en remplaçant un président prorusse par un pro-occidental (même si l'Irak fut une catastrophe, ils ne souhaitent pas retenir la leçon).

 

La Turquie entre aussi dans la danse en affrontant les terroristes qui ont commis plusieurs attentats sur son territoire mais aussi les Kurdes par crainte que la défense kurde en Syrie et en Irak renforce la détermination des indépendantistes. Même si la haine du gouvernement turc envers le PKK et les indépendantistes kurdes n'est pas un secret, ses frappes posent question car cela signifierait que le conflit serait un triangle Turquie-Kurdes-Daech. D'autant que la Turquie est aussi reprochée de soutien passif envers les terroristes en raison du manque de mesures pour empêcher les recrues internationales de rejoindre Daech et le cheminement du pétrole qui finance l'organisation terroriste. Soutien sourd ou manque de moyens ? A chacun sa vérité.

 

Vous voulez encore une couche ? Parlons de la rivalité religieuse entre l'Arabie Saoudite (sunnite, allié des Etats-Unis) et l'Iran (chiite, allié de la Syrie et de la Russie). Le Royaume sunnite veut le départ du président syrien (il est alaouite, une branche chiite) mais est pointé du doigt pour soutenir des groupes armés qui soutiendraient Daech ou Al-Qaïda, surtout par l'envoi d'armes achetées à l'étranger, tandis que la République islamique souhaite l'inverse pour préserver son allié. Géopolitique une fois de plus : la sphère d'influence des deux puissances musulmanes se croisent et se déchirent. Mais l'Irak est un cas particulier : ce pays a été formé en mélangeant des chiites et des sunnites sur un même territoire sans se demander si cela n'allait pas éclater un jour. Chacune des puissances frontalières tente de pencher la balance à son avantage mais l'Iran semble l'emporter de par l'envoi de troupes pour soutenir les milices chiites.

 

Compliqué ? Heureusement pour vous, il n'y aurait pas assez de place pour décrire toutes les opérations, plans secrets, projets et théories complotistes. Ce genre de sujet, je le laisse aux experts. Et encore heureux qu'Israël ne s'y mette pas encore sinon...

 

Il y a toujours de la place quand on est petit

 

On a parlé pour l'instant des pays et forces régionales mais, à l'exception des rebelles et groupes islamiques, il y a aussi d'autres acteurs qui rentrent dans le conflit.

Je ne sais pas si je placerai le Hezbollah libanais ici ou plus haut car ce groupe chiite soutient activement le président syrien et combat à ses côtés mais j'ignore le nombre de combattants mobilisés.

 

Plus étonnant, le groupe Anonymous a déclaré la guerre cybernétique contre Daech en piratant ses sites de propagandes. Bien que la police craint que ces actions entravent leurs enquêtes pour démasquer les recruteurs, Anonymous veut empêcher le départ de volontaires vers la Syrie.

Il faut aussi inclure les volontaires occidentaux qui combattent aux côtés des Kurdes, les milices chrétiennes et yézédis, et peut-être des milices locales qui tentent de se défendre par tous les moyens.

 

Par contre, le cartel d'el Chapo n'est pas à inclure : c'est un hoax.

 

Comme vous pouvez le constater, ce qu'il se passe là-bas est difficile à expliquer de par le nombre d'acteurs impliqués, leurs objectifs qui entrent en concurrence, les rivalités, les problèmes personnels, etc.

 

Pour résumer la situation : tous pour un et chacun pour soi.

 

Articles utilisés :

 

http://www.france24.com/fr/20160818-syrie-regime-frappes-forces-kurdes-blocage-convoi-humanitaire

http://www.rtl.fr/actu/international/zergele-village-kurdistan-irakien-bombarde-armee-turque-meme-daesh-ne-fait-pas-ca-7779309273

http://www.diploweb.com/Le-volet-syrien-des-rivalites.html

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