Elections présidentielles aux Etats-Unis : le choix trop cornélien.

Si vous regardez l’actualité, il y a un événement qui se déroulera durant toute l’année auquel vous ne pourrez pas y échapper : un spectacle de comiques que les citoyens étasuniens (pas américains car j'attribue cette appellation au continent) nomment élections présidentielles. Oui, normalement, c’est du sérieux : première puissance militaire mondiale, première économie aussi (avec une dette qui provoquerait des crises cardiaques tellement elle est élevée), détentrice de plusieurs bases militaires dans le monde, puissance nucléaire légale (oui, il y aussi des puissances nucléaires illégales mais n’essayer pas de comprendre le droit politique international). Bref, président signifie non seulement diriger un pays mais aussi une armée qui théoriquement peut écraser n’importe laquelle.

 

Mais cette année est particulière car les deux principaux candidats ne sont pas les plus appréciés pour occuper la Maison blanche. Avec une côte d’impopularité haute et des scandales dans la presse, il est difficile d’imaginer que l’un d’eux va poser son postérieur sur la chaise du Bureau ovale d’ici janvier. Sortez les cartouches, les fléchettes et les tomates, je vous présente les cibles.

 

Un âne souriant, c’est hillarant

 

Côté démocrate, je vous présente une ancienne First Lady ayant travaillé comme secrétaire d’Etat sous le premier mandat d’Obama et qui vous rappelle sans cesse qu’elle est une femme (non, sans blague ? Je ne l’aurais jamais deviné) : Hillary Clinton.

 

A première vue, son programme se dirige vers la classe moyenne avec une taxation plus élevée chez les riches et plus faible pour les petites entreprises. C’est un bon début. Mais dire à ses futurs probables concitoyens qu’elle souhaite favoriser l’accueil des réfugiés syriens dans un contexte terroriste islamique où le moindre incident est vite qualifié de terrorisme avant même que les experts ne le disent, elle ne doit pas s’étonner du regain xénophobe parmi les plus conservateurs.

 

Quand à l’aspect international, elle veut se comporter comme une dame de fer : accepter de coopérer avec ses alliés et ses partenaires commerciaux sans aller trop loin (le libre-échange avec l’Asie, non merci) et sévir contre ceux qui souhaitent la défier (t’as compris Poutine ? Elle a dit qu’elle veut tenir tête à la Russie). Mais lorsque ses détracteurs l’accusent d’avoir soutenu la guerre en Irak, cela laisse imaginer la prochaine destination militaire touristique de l’US Army.

Mais que reproche-lui donc ? Une trop forte influence chez les Démocrates. Tellement forte qu’elle écraserait comme un éléph…, heu je voulais dire qu’elle aurait bénéficié de soutien durant les primaires face à son rival, Bernie Sanders, lui permettant de jouer avec des dés pipés en sa faveur. Cette révélation a un point commun avec une affaire qui la poursuivra encore du début à la fin : les mails. Quand ce n’est pas Wikileaks qui révèle les affaires cachées au camp démocrate, ce sont les révélations sur l’emploi d’une boîte mail privée pour recevoir des infos classées secret défense qui fait débat car la sécurité est un thème aussi important que le nombre d’armes en circulation. S’imaginer que des pirates puissent y avoir accès, ça fait peur. Oh attendez, je viens de parler de Wikileaks ? De toute façon, Mme. Clinton veut enterrer l’affaire en faisant comprendre au FBI qu’il ferait mieux de ne pas trop chercher d’ennui avec la future probable présidente des Etats-Unis.  

 

Donc, pour résumer, Hillary Clinton est une candidate qui mise beaucoup sur son genre féminin (oui, c’est une femme au cas où vous ne l’auriez toujours pas compris), sur sa popularité d’ex First Lady et sa carrière politique mais dans un camp bien divisé entre ceux qui la veulent à la Maison blanche et ceux qui souhaitaient une vraie révolution sociale dont elle a certes repris quelques idées mais dont son image jugée trop élitiste ne rassemble guère.

 

Un éléphant, ça trump énormément

 

Côté républicain, voici un poids lourd économique qui arrive dans l’arène politique. Investisseur dans plusieurs secteurs économiques, adepte des apparitions télévisées où il aime montrer que c’est lui le chef mais qui préfère cependant maquiller ses échecs de la même manière que ses cheveux et son visage : Donald Trump.

 

Milliardaire avec pour principale activité l'immobilier, il donne l’image d’un éléphant qui écrase tout sur son passage, surtout chez les Républicains où un à un les candidats ont quitté la course (y compris Jeb Bush présenté comme favori au début car … c’est un Bush), jusqu’à se retrouver seul en course pour être investi à contrecœur par son parti.

 

Son programme se résume en quelques mots : exclusion et repli sur soi. Il souhaite diminuer l’impôt sur le revenu maximal (25%) et les sociétés (15%), ce qui pour lui permettrait de relancer l’économie à condition que ces réductions profitent à l’économie globale sans impacter les revenus fédéraux. Mais si on parle de Trump, c’est surtout pour ses propositions jugées xénophobes, imagées et égoïstes voire dangereuses pour la géopolitique américaine : un mur pour empêcher les Mexicains de venir, interdiction stricte pour les musulmans de rentrer sur le territoire, quitter l’OTAN jugée trop coûteuse pour protéger des pays jugés trop profiteurs et l’OMC pour retrouver les pleins pouvoirs économiques, mener une guerre économique contre la Chine (c’est déjà le cas avec les accords économiques) mais aussi contre le Mexique (décidément il n’aime pas ce voisin) et le Japon (…), de meilleures relations avec la Russie (vous comprenez pourquoi Poutine dit qu’il fera un bon président) quitte à devenir le dindon de la farce, et il y en a d’autres dont je ne citerai pas, faute de place.

 

Ce n’est pas pour rien que le candidat républicain commence à agacer des grosses pointures du parti à tel point qu’ils refusent d’afficher leur soutien et demandent même la fin du paiement de ses conventions. Ajouter à cela des grands noms de la politique étrangère étasunienne qui le définissent de « dangereux, instable, probable pire président des Etats-Unis qui ne connait rien en politique ». Et lorsqu’il pense remonter la pente, il est surtout doué pour la redescendre avec ses phrases polémiques et scandaleuses.

 

Pour résumer, Trump me fait penser à Berlusconi : un homme d’affaire ayant des activités dans plusieurs domaines et croyant qu’être directeur d’une grosse entreprise suffit pour diriger un pays. La différence est que l’Italien a réussi tandis que l’Etasunien n’est pas sûr d’y arriver. Qu’importe, s’il y a des électeurs adeptes des propos racistes et discriminants, autant continuer tant qu’on a les moyens financiers. Sauf qu’il serait intéressant de parfois se taire plutôt que de dire n’importe quoi, les phrases chocs ne font pas monter les sondages mais seulement les bénéfices des journaux qui les relaient.

 

Citoyen, est-ce la fin ?

 

Choisir entre une candidate qui mise sur son image qui agace à la longue et un candidat qui préfère l’insulte à la philosophie, je comprends la réaction de certains citoyens étasuniens disant qu’ils voteront pour les pires élections présidentielles de leur vie. Les deux candidats souffrent d’une impopularité et d’une série de scandales qui les discréditent mais ils se posent comme étant le seul choix offert aux électeurs.

 

Et les alternatives ? Trop faible pour peser. Il y a certes d’autres courants tels que les écologistes, les libertariens, les (ultra)conservateurs, les socialistes, les partisans d’une meilleure justice sociale, etc. Le comble est qu’un parti est sensé rassembler des personnes partageant une même philosophie politique sous une structure mais aux Etats-Unis, avoir les idées ne sert à rien si le portefeuille ne suit pas. Pas besoin d’avoir un cerveau pour réfléchir, le lobbying suffit pour les Démocrates et les Républicains. La preuve : qui peut dire la différence précise entre les deux en sachant que chaque élu vote selon son propre raisonnement et la somme perçue ? Il y a certes quelques caractéristiques propres à chacun mais ça s’arrête là.

 

C’est là que le bas blesse : les candidats démocrate et républicain peuvent prétendre à la présidence non pas parce que leur parti parvient à défendre leurs idées face aux autres mais parce qu’ils ont les moyens financiers et médiatiques suffisants pour entretenir leur bipartisme sans laisser la moindre chance aux autres partis de s’illustrer.

 

Donc, non citoyen, ce n’est pas la fin car tu peux encore voter librement et si tu estimes que ni Clinton ni Trump ne t’ont convaincu, renseigne-toi sur les autres et fais ton choix. Certes, tu ne pourras pas placer un tiers à la Maison blanche mais tu montreras que tu refuses la fatalité des urnes (du moins le jour du vote, pas lors de l’annonce des résultats). Espère juste que d’autres suivront cet avis pour montrer que le duo Démocrate-Républicain ne suffit plus, il faut du nouveau dans l’arène politique.  

 

Je conclus cette article avec un message de soutien aux citoyens outre-Atlantique en leur souhaitant du courage pour la campagne présidentielle et les années à suivre sous la direction d’un(e) président(e) qu’ils n’ont pas vraiment souhaité.

 

Article utilisé :

 

http://www.lalibre.be/actu/international/trump-contre-clinton-quelles-differences-entre-les-programmes-5798734835705dcbd70883a1

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